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En Septembre 2021, afin de faire face aux problèmes récurrents que nous rencontrions en tant qu'agence de développement, nous avons commencé à implémenter la méthodologie Lean. Nous partageons d'ailleurs régulièrement sur ce blog nos apprentissages, en tant qu'organisation.
Aujourd'hui, nous voulions changer de point de vue, et partager un vécu et une expérience plus personnelle de la mise en place du Lean. Loin d'être une évidence pour tous, les changements organisationnels forts impactent le quotidien des personnes qui y travaillent, pour le meilleur comme pour le pire. Merci à Marion, développeur confirmé chez Captive depuis 4 ans, pour son retour d'expérience. 👇
Première expérience chaotique avec le Lean en tant que développeuse
Il y’a un peu plus d’un an, le Lean est arrivé chez Captive. Cela a généré de nouvelles méthodes de travail, une réorganisation interne, des outils en pagaille, bref de quoi nous déstabiliser en tant que salarié .
À ce moment-là, je percevais le Lean comme la nouvelle méthode à la mode qu’il fallait absolument appliquer. C’était également, selon moi, mettre en place plein d’outils et de process qui n’aboutiraient jamais à rien. Un peu comme les réunions de 2h, beaucoup de bruit pour pas beaucoup de résultats.
Même le vocabulaire en était venu à changer ! Chaque jour, on nous parlait d’écart au standard, de PDCA/Kaizen, d’Andons ou encore d’Asakai…
On nous demandait de comptabiliser le nombre de tickets qu’on dépilait par jour, on avait le droit à des apparitions mystères de notre supérieur qui, pendant 30 min, nous regardait travailler, prenait des notes et nous posait une tonne de questions. Les bugs étaient comptabilisés par équipe et le pourcentage était présenté à l'ensemble de la société une fois par semaine. J'étais alors vraiment déstabilisée, je me sentais épiée. J’avais clairement peur de me faire juger, je n’étais vraiment pas à l’aise avec ce qu’on nous proposait.
Accepter les changements et commencer à en voir les bénéfices personnels
Mais ça, c’était avant...
Saviez-vous qu’en théorie, un être humain a besoin de 21 jours en moyenne pour changer ses propres habitudes ? Je dis en théorie parce que pour moi, il m’a fallu bien plus de temps pour en prendre de nouvelles et de m'habituer à ce changement. Ah oui, ce n’était pas gagné !
Mais j’ai finalement compris que cette nouvelle façon de fonctionner n’était pas là pour nous handicaper ou nous montrer du doigt, mais bien au contraire, nous permettre de nous améliorer en continu, en tant que personne et société.
Devenir un meilleur développeur grâce à des rituels d'entreprise japonais?
Le Lean, concrètement, s'est mis en place autour de plusieurs rituels et évènements, tout droit venus du Japon et de la culture de Toyota. Je vais essayer de décrire comment je les ai perçus, avant d'arriver à les apprécier.
GEMBAS
C’est un peu comme l’émission “Patron inconito” sauf qu’on sait qui c’est et ça ne dure que 30 à 45 minutes. Au départ c’est très déstabilisant. Mais finalement petit à petit, on comprend que l’intention derrière tout ça n’est pas de nous juger, mais de mieux comprendre comment on fonctionne dans la vie de tous les jours, et de cibler les axes d’amélioration qui nous permettront d’avoir une vie meilleure au travail. Le cadre est large, ça peut se matérialiser par l'optimisation de notre environnement de travail (Ordi, licences…), des pistes d’amélioration d’organisation (Kanban, daily tous les jours..), des résolutions de problèmes rencontrés dans notre travail.
DOJOS
Comme pour le judo, c’est notre salle d’entraînement. Enfin notre meet d’entraînement, on a pas vraiment de vraie salle pour ça !
Toutes les semaines, ceux qui le souhaitent se retrouvent pendant 45 minutes durant lesquelles on 'pète' des problèmes.
Pour moi, jusqu'alors, résoudre un problème c’était trouver la source d’erreur et la réparer. Point. Mais, grâce aux Dojos, j’ai très vite compris que c’était bien plus complexe que ça. En s'appuyant sur le PDCA - “Plan Do Check Act”, ce dojo a pour but d'habituer notre cerveau à résoudre des problèmes de façon méthodique, sans se précipiter sur la première solution venue. On décortique le sujet pour trouver le problème racine, trouver plusieurs contre-mesures et évaluer les résultats.
Je vous garanti que ce n’est pas si simple au début, mais avec de la pratique on est régulièrement surpris par le résultat!
LES METRICS
À l’arrivée du Lean, on a voulu tout mesurer chez Captive. Satisfaction client, mood des employés, le temps passé au regard du temps facturé. Mais aussi, les Bugs!
On le sait, les bugs ne sont jamais très appréciés des clients. Et c’est jamais très cool quand on te dit en tant que développeur “Ce que tu as fait, ça ne marche pas…”. C’est un signe que la qualité n’est pas au rendez-vous.
On a commencé à devoir faire ressortir les bugs dans notre kanban à l’aide d’un petit flag pétant “BUG” pour les dissocier des autres tickets.
C'était étrange et déstabilisant au début. Est ce que c’était pour nous tomber dessus 1 semaine après ?
Pas du tout, en réalité, comment savoir ce que nous devons améliorer sans rendre visible ce qui fonctionne et fonctionne moins bien dans les projets ?
Et la surprise était de taille, puisqu'on s'est alors aperçus que 80% de notre travail représente des features et 20% des bugfix. C’est énorme ! Grâce à ces deux chiffres, des objectifs ont pu être fixés et des mesures misent en places pour progresser et réduire ce taux de manière significative.
Et aujourd'hui, qu'est-ce-que le Lean m'apporte concrètement en tant que développeuse ?
Ok tout ça c’est bien. J’ai compris plein de choses sur le fonctionnement et les dysfonctionnements de l'organisation, mais qu’est ce que ça m’apporte à moi, dans ma vie de tous les jours chez Captive ? Là aussi, après une forte appréhension, j'ai fini par découvrir que les bénéfices étaient aussi très concrets pour moi.
Il arrivait souvent que certains de nos tickets élisent domicile dans la colonne “En cours de développement” du Trello sur une période supérieure à 2 jours. Ça démoralise un peu les équipes, et le client n’a pas l’impression que ça avance. Avec le Lean on a étudié la cause racine.... Les tickets étaient tout simplement trop gros! On a donc revu notre façon de les découper.
Maintenant non seulement les tickets ne restent pas longtemps dans cette colonne, mais on peut en délivrer beaucoup plus dans la même journée.
Et ça, c’est satisfaisant !
Autre exemple. La review, c’est un geste quotidien dans la vie d’un développeur. On s’est alors demandé: est-ce-qu’on le fait bien ? On a fini par lister les idées de chacun jusqu’à en créer une checklist qui nous aide à ne rien oublier. Maintenant nos reviews sont plus structurées et efficaces.
Je cite ici que des exemples de petits problèmes simples quotidiens. Mais qui ont finalement, mis bout à bout, un grand impact sur la qualité de notre travail et de notre quotidien professionnel.
Aujourd'hui, j'apprends et suis encouragée à tester, à améliorer en continu. Et aujourd’hui, je peux dire que je me sens plus confiante et fière de mon travail et de ce que je produis!
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Captive est une agence de développement informatique qui pratique le Lean. Vous avez un projet ? N'hésitez pas à nous contacter !